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Azote et raccourcisseur en épeautre, sous l’influence du froid et de la pluie

La période de froid n’a pas été sans impact sur les parcelles dédiées à l’épeautre. En découlent les symptômes observés qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne découlent pas d’un cocktail de maladies.

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Dans les parcelles, les deux semaines de froid ont freiné la croissance des plantes qui n’ont que très peu progressé depuis la mi-avril. Les épeautres les plus précoces ont atteint le stade deuxième nœud (BBCH 32) mais la grande majorité des pieds est proche du stade premier nœud (BBCH 31).

Azote : + 20 unités

Les pluies et le ralentissement de la croissance par les plantes (réduction des prélèvements) ont entraîné des pertes d’une partie de l’azote déjà appliquée. Une augmentation d’une vingtaine d’unités d’azote pour la fumure restant à appliquer permettrait de compenser ces pertes.

Côté timing, pour les cultures plus précoces, destinée à une fertilisation en deux fractions, cette dernière est applicable. Dans les schémas en trois passages, le stade n’est pas encore atteint pour les troisièmes applications. Il est, par contre, idéal pour la deuxième fraction des semis très tardifs.

Les symptômes de carence en azote, actuellement observables, concernent principalement les plantes semées tardivement ou dont le développement racinaire a été perturbé pendant l’hiver (dans les zones où l’eau a stagné, par exemple). Pour ceux-là et pour les pieds blessés par les grêles, les formulations solides sont à privilégier.

Pas de second raccourcisseur

L’application d’un raccourcisseur pour les terres qui n’ont pas encore été régulées est désormais possible. Pour celles qui l’ont déjà été, un second traitement n’est pas nécessaire au vu des stress subis durant la montaison.

Pour les plantes présentant des stress importants, il vaut mieux retarder les traitements raccourcisseurs ou éviter les produits les plus phytotoxiques comme les chlorméquat chlorure (Cycocel) et les produits à base de trinexapac-éthyl (Moddus).

Faible pression en maladies

Contrairement à ce que laissent penser les nombreux jaunissements et nécroses actuellement observés, la pression des maladies en épeautre reste faible. En effet, ceux-ci témoignent de l’effet des faibles températures bloquant l’assimilation des éléments minéraux à un stade où la culture en a grandement besoin.

Paradoxalement, une telle période stressante peut s’avérer bénéfique pour réduire la pression des maladies. Premièrement, les champignons qui colonisaient les vieilles feuilles ont été éliminés par la destruction anticipée de celles-ci. Deuxièmement, les plantes stressées sont moins attractives pour les maladies : leur sève est moins riche en nutriments recherchés par les champignons tels que les composés azotés ou les sucres. Enfin, les épeautres stressés mettent en place des mécanismes de résistance contre les stress abiotiques qui sont aussi actifs sur les pathogènes.

L’épeautre est une céréale rustique qui devrait pouvoir se contenter d’un seul traitement fongicide par saison. Le point faible de la plupart des variétés est leur sensibilité à la rouille brune, c’est pourquoi ce traitement unique est à positionner lorsque la dernière feuille est étalée (BBCH 39). Les traitements plus tardifs ne sont pas pertinents car les épis d’épeautre sont bien plus tolérants à la fusariose que ceux des froments.

Certaines variétés, dont la carrière est déjà bien longue, sont devenues progressivement plus sensibles à la rouille jaune (Cosmos) ou à la septoriose (Zollernspelz). Pour ces variétés, un traitement au stade 2e  nœud est envisageable si la situation du champ le requiert, ce qui n’est le cas ni dans les pépinières, ni dans le réseau d’essais.

Guillaume Jacquemin

Cepicop

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